Origines

Comme nous tenons à des légumes produits en « bio » et que notre AMAP développe une certification interne, il est intéressant de savoir un peu d’où tout cela vient…

Jusqu’à l’essor des pesticides et engrais chimiques entamé vers la première guerre mondiale, on peut dire que toute agriculture était « biologique » au sens large, puisqu’elle n’utilisait pas ces produits… Ainsi Léonard de Vinci, Voltaire ou Montesquieu ne mangeaient-ils pas tous « bio » ?!

Au début du XXe siècle, une série de pionniers postulèrent la nécessité de cultiver en respectant les impératifs naturels. A part les paysans et jardiniers qui l’ont toujours su intuitivement, le premier théoricien fut Rudolf Steiner, penseur fécond de l’anthroposophie et de la biodynamie. Nous connaissons aujourd’hui les écoles Steiner et les produits cosmétiques Weleda, issus des enseignements de ce philosophe allemand né en 1861.

Steiner théorisa son « Cours agricole » en 1924 devant une centaine de paysans, donnant naissance à la biodynamie. La biodynamie a des fondements cosmiques et se base sur le respect des cycles naturels. Ses méthodes assez particulières, notamment l’usage de préparations végétales ou « tisanes », ont démontré leur efficacité. La biodynamie est considérée comme plus exigeante que l’agriculture biologique et a son label, « Demeter », d’après la déesse grecque des cultures et des moissons (le label « Demeter » est né en Allemagne dans les années 30 et son dirigeant fut plus tard arrêté par les Nazis).

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Raoul Lemaire, Jean Boucher et Rudolf Steiner

A partir de 1951, les suisses Hans et Maria Müller, avec Hans Peter Rusch, développèrent une méthode scientifique pour valoriser la qualité des produits agricoles sans chimie industrielle. Hans Müller, né dans une ferme, connaissait la situation des paysans, alors victimes de l’exode rural. Vision globale de la ferme dans son cycle biologique, respect du sol comme des producteurs, la méthode « Müller-Rusch »laisse beaucoup de champ libre aux paysans et aux jardiniers » (Nature et Cuisine, Les nouveaux plaisirs de la table. éd. Könemann, 1996).

D’autres pionniers vinrent enrichir cette démarche :

Albert Howard fut un des premiers agrobiologistes à rejeter l’utilisation des engrais chimiques et à reconnaître leurs effets nocifs.

Eve Balfour expérimenta dans les années 50 des méthodes agricoles sur son domaine et les publia dans sa revue « Mother Earth », en Angleterre.

Raoul Lemaire fonda la société Lemaire à Paris, en 1931. Celle-ci fut un des premiers magasins « bio », vendant notamment de la farine aux boulangers.

Jean Boucher développa avec lui la méthode « Lemaire-Boucher », utilisée par de nombreux paysans en France. Cette méthode repose sur cinq principes : équilibre naturel des sols, ameublissement des sols sans retourner les couches profondes, compostage, cultures mixtes, utilisation d’une algue riche en nutriments – le lithotamne – comme bio-catalyseur.

Citons encore « Monsieur Bircher muesli » (le médecin suisse Maximilian Bircher-Benner), qui défia l’engouement pour la viande rouge et le pain blanc en vantant les mérites des fruits et céréales (déjà !), et Maria Thun, dont le calendrier des « relations cosmiques chez les plantes annuelles » intéressa vivement les jardiniers et paysans et qui est aujourd’hui publié en vingt langues.

Aujourd’hui la bio est régie par des cahiers des charges (Nature et Progrès, AB, Ecocert…) avec contrôles périodiques. Les rumeurs de tricherie sont volontiers colportées par ceux qui s’interrogent sur l’intérêt de la bio, sans réaliser que tout système comporte ses tricheurs, mais fonctionne généralement, sans que les incartades de 2% de fraudeurs ne parviennent à dénaturer l’ensemble.

Rappelons-nous que, dans l’agro-alimentaire industriel, nous sommes presque SÛRS de trouver des métaux lourds et autres traces de pesticides, ce qui est l’inverse de la bio. Favoriser le mieux offrant n’est-il pas préférable à la résignation?

Sources: Nature et Cuisine, Les nouveaux plaisirs de la table. éd. Könemann, 1996. Wikipedia.